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La comédienne Louisette Dussault n’est plus

Aux yeux des grands enfants elle était toujours la souris verte. Louisette Dussault a interprété « Dix moutons, neuf moineaux... et une souris verte » à la télévision de Radio-Canada pendant cinq ans, de 1966 à 1971.

Photo d'archives de 1970 : la Souris verte (Louisette Dussault) montre ses dix doigts.

La souris verte a marqué l'imaginaire d'une génération. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Pierre Karsenty

Radio-Canada

La comédienne Louisette Dussault est décédée mardi à l'âge de 82 ans. Elle s'est éteinte paisiblement avec ses deux filles à ses côtés, précise par communiqué l'agence qui la représentait.

Chanter, Louisette Dussault savait faire. Elle voulait devenir soprano. Normal lorsqu'on a une belle voix et que l'on grandit dans une maisonnée où chacun chante et joue d’un instrument. À Thetford Mines, où elle est née en 1940, on avait même nommé une salle au nom des Dussault.

La jeune Louisette prend des cours de chant, mais se rend compte qu'il ne lui ouvre pas autant de possibilités que le théâtre.

Elle fait des études à l’École nationale. C'est l'époque où la Révolution tranquille souffle partout, y compris sur les planches. Et Louisette Dussault le sent. Elle cofonde Les Petits enfants de Chénier, une troupe anticonformiste, expérimentale. Elle a pour camarades Jean-Claude Germain et Nicole Leblanc. Ils veulent parler leur français au sein d'un théâtre québécois. On les verra au nouveau Théâtre d'aujourd'hui.

Elle sera de la première lecture publique des Belles-soeurs de Michel Tremblay en 1968 et de Demain matin, Montréal m'attend.

En 1978, elle incarne la Vierge Marie dans Les fées ont soif, la pièce que vient d'écrire son amie Denise Boucher. Un scandale « blasphématoire » pour les dévots, qui ne veulent pas entendre la femme derrière la mère de Jésus.

Louisette Dussault n’y voit que du feu. Elle ne comprend pas. J'ai eu une couple de menaces de mort. J'étais la Sainte Vierge, écoute là, hé..., raconte la comédienne en entrevue à Radio-Canada, quelque 30 ans plus tard.

Louisette Dussault en Vierge Marie dans la production originale de la pièce <i>Les fées ont soif</i>.

Louisette Dussault dans la production originale de la pièce Les fées ont soif

Photo : Radio-Canada

Vierge ou putain, Louisette Dussault en fait son affaire. Elle joue dans La nef des sorcières en 1976.

Le texte d'Odette Gagnon remet en question le rapport des femmes avec l'argent, le corps et la séduction : Ç'a été vraiment un événement dans ma vie, ce texte-là. J'avais eu mes jumelles et c'était compliqué... Ça te défait un corps. J'ai réalisé à un moment donné que mon estime de moi passait par les yeux de mon chum et qu'il fallait que je fasse quelque chose.

Elle écrit Moman. Seule en scène, elle interprète tous les personnages de la pièce. Elle la jouera plus de 500 fois et raflera deux prix en 1982 : à Sitges, en Espagne, et à Alger.

Louisette Dussault dans « Marilyn », en 1992.

Marilyn Turgeon (Louisette Dussault) fait le ménage dans « Marilyn » en 1992.

Photo : Radio-Canada/Jean Bernier

En 1992 et 1993, elle est en nomination aux prix Gémeaux pour son interprétation de Marilyn, une femme de ménage qui finira mairesse de Montréal sous la plume de Lise et Sylvie Payette. Ce téléroman quotidien, une première à l'époque, est diffusé à Radio-Canada de 1991 à 1994. Marilyn se fera beaucoup d'amis, un peu comme La souris verte, 20 ans plus tôt.

Malgré les succès de La souris verte et plus tard de Marilyn, la comédienne évite les ornières qui emprisonnent le comédien à son personnage. On la verra dans les séries comme Chez Denise, Les héritiers Duval, Rumeurs et Trauma. Sans compter quelques apparitions au cinéma, notamment dans IXE-13, Bonheur d'occasion, L'homme idéal, Nuit de noces et La brunante.

Louisette Dussault en 1995.

Reine Lorange (Louisette Dussault), personnage de l'émission « Les héritiers Duval » en 1995.

Photo : Radio-Canada/Michel Gauthier

Au théâtre, dans les années 1990, elle se glisse dans la vie de la peintre Emily Carr, un moment fort.

Elle a eu une vie incroyable, elle a eu l'audace de la spatule à une époque où les femmes faisaient de petites fleurs, elle accrochait les chaises au mur, vivait avec les Indiens. Une folle! Ils l'appelaient "celle qui sourit tout le temps". Il y avait quelque chose de moi là-dedans, racontait Louisette Dussault sur son interprétation dans Le voyage magnifique d'Emily Carr, un texte de Jovette Marchessault.

Souriante, elle l'était. Son rire cristallin ponctuait souvent ses entrevues. Sauf lorsqu'elle parlait d'injustices.

Elle a pris la parole, pour les femmes et pour le Québec. Elle lui lègue d'ailleurs une large contribution au théâtre et à la culture d'ici.

Parmi les nombreuses récompenses qu'elle a remportées, soulignons le prix Victor-Morin de la Société Saint-Jean-Baptiste et son titre de chevalière de l’Ordre des arts et des lettres.

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