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Le metteur en scène André Brassard n’est plus

Le metteur en scène André Brassard lors du lancement de biographie en 2010.

André Brassard lors du lancement de sa biographie en 2010.

Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes

Radio-Canada

André Brassard, metteur en scène et bâtisseur du théâtre québécois moderne, s'est éteint à l'âge de 76 ans des suites d'une longue maladie.

Radio-Canada a confirmé la nouvelle auprès de ses amis Alice Ronfard et Michel Tremblay. Le parcours d'André Brassard est d'ailleurs indissociable de celui de Michel Tremblay

André Brassard, qui se passionne pour le théâtre depuis qu'il est enfant, n'a que 22 ans quand la pièce Les belles-sœurs révolutionne le théâtre québécois en 1968. Avec Tremblay à ses côtés, il veut mettre en scène un milieu qu'il connaît, et comme il l'entend.

La collaboration des deux hommes s'étendra sur près de 40 ans : Brassard fera la mise en scène de presque toutes les pièces de Tremblay. Il travaille aussi d'autres auteurs, tant les classiques, comme Euripide, que les contemporains, tels Jean Genet et Samuel Beckett.

Le metteur en scène est reconnu pour son extraordinaire compréhension du texte.

L'homme de théâtre réalisera aussi quatre films. En 1974, Il était une fois dans l'Est représente le Canada au Festival de Cannes.

André Brassard et Michel Tremblay parlent dans un micro.

André Brassard et Michel Tremblay en entrevue avec Bernard Derome. (archives)

Photo : Radio-Canada

En 1982, il accepte la direction artistique du Théâtre français du Centre national des arts à Ottawa. Après huit ans à ce poste, il quitte la capitale canadienne, désabusé par le manque de soutien à ses projets.

De retour à Montréal, il forme ensuite toute une génération de comédiens à l'École nationale de théâtre.

Il se met aussi lui-même en scène, notamment aux côtés de son interprète fétiche, Rita Lafontaine, dans Encore une fois si vous le permettez.

En 1999, un accident vasculaire cérébral le laisse amoindri physiquement. Mais sa vivacité d'esprit demeure, comme le montre son travail sur Oh les beaux jours de Beckett et, en 2009, sur la pièce Une truite pour Ernestine Shuswap du dramaturge autochtone Tomson Highway. Ce sera sa dernière mise en scène.

L'année suivante, André Brassard fait de sa biographie une sorte de testament. Il y parle ouvertement de ses excès passés, de sa consommation de drogue et de sa condamnation pour détournement de mineurs. Au lancement, il en profitera pour saluer ceux avec qui il a partagé sa passion pour le théâtre.

Michel Tremblay, un ami retrouvé

Son ami et complice Michel Tremblay, avec qui il était en froid depuis des années, a raconté dans une entrevue accordée mercredi à l'émission Tout un matin, sur les ondes d'ICI Première, que les deux hommes avaient en effet eu un problème personnel en 2005, mais qu'ils n'avaient jamais complètement coupé les ponts.

Je continuais à lui envoyer mes textes. Chaque semaine je lui envoyais ce que j’avais écrit dans la semaine et il me répondait. On a eu des contacts par e-mail. Une chance qu’on avait le e-mail.

Lors d'une récente visite à l'Hôpital Notre-Dame, où André Brassard était hospitalisé, Michel Tremblay a pu renouer avec son ami en compagnie de la metteure en scène et comédienne Denise Filiatrault.

On avait l’impression de retourner plus de 50 ans en arrière. Ça a été une rencontre formidable, a relaté Michel Tremblay, pour qui André Brassard aura été une des personnes les plus importantes de [sa] vie.

Mariève Bégin revient sur la vie d'André Brassard.

Le dramaturge, qui a confié à André Brassard la mise en scène de la vaste majorité de ses œuvres, se souvient d'un metteur en scène hors normes, unique dans sa façon de lire et de comprendre ses pièces de théâtre.

C’est la personne que j’ai connue qui avait la plus grande intelligence du texte.

Une citation de Michel Tremblay, écrivain, dramaturge et ami d'André Brassard

Quand il montait une pièce, avant de commencer à travailler avec les acteurs, avec les concepteurs, il fallait qu’il comprenne tout ce qui y avait dedans, de façon à pouvoir en parler avec les acteurs, relate Michel Tremblay.

Souvent, il y avait des acteurs qui se plaignaient qui disaient : "Ha! Mon Dieu! Ça fait une semaine qu’on est autour de la table, qu’on parle de la pièce, qu’on décortique, mais on ne s’est pas levés encore et on n’a pas commencé la mise en place." Puis Brassard leur disait : "Non! Avant de commencer la mise en place, je veux qu’on fasse tous le même spectacle."

Pour écouter l'entrevue complète accordée par Michel Tremblay à l'animateur Patrick Masbourian à l'émission Tout un matin, cliquez ici.

Le père de la dramaturgie québécoise contemporaine

Le legs d'André Brassard est considérable, tant pour l'histoire du théâtre au Québec que pour son avenir.

Au bout du fil, Denise Filiatrault, qui a longtemps travaillé avec André Brassard, ne tarissait pas d'éloges pour ce metteur en scène qu'elle a découvert avec Les belles-sœurs.

On m'avait apporté le texte des Belles-sœurs; j'ai ri, j'ai pleuré, j'ai eu toutes les sensations possibles au monde, a-t-elle mentionné.

Selon Mme Filiatrault, si M. Brassard avait un petit côté bum, il ne fallait pas non plus se laisser berner : Cela dépend de ce que l'on entend par bum. Il était très simple, il disait ce qu'il pensait, mais il était cultivé, attention!

C'était quelqu'un de très attachant. Sa culture, il ne te la garrochait pas en pleine face.

Une citation de Denise Filiatrault

De fait, la grande artiste n'en démord pas : André Brassard est véritablement le père de la dramaturgie, du théâtre contemporain québécois.

C'est la vérité même incarnée! Ce titre ne peut pas mieux convenir à quelqu'un d'autre que lui, juge celle qui espère que les vastes connaissances d'André Brassard seront léguées à la nouvelle génération.

Le reportage de Geneviève Asselin.

Pour le metteur en scène et dramaturge René Richard Cyr, André Brassard a été un allumeur de conscience, rien de moins.

Il a eu un impact sur plusieurs générations d’artistes et a donné ses lettres de noblesse à notre métier, en nous responsabilisant, en nous éveillant.

Yves Desgagnés, de son côté, a avoué que s'il est devenu metteur en scène, c'est parce qu'il avait été inspiré par le travail d'André Brassard, qui fut son professeur.

Il a souligné le grand talent de l'homme de théâtre dans la direction d'acteurs.

Il a su mettre l'acteur au premier plan en lui montrant comment partir d'un texte jusqu'à l'aboutissement sur scène, a-t-il rappelé, ajoutant qu'il a été le chantre de la création québécoise.

C'était un immense metteur en scène et un très grand pédagogue!

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