•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Enquête Portapique : la vérification des faits a retardé les alertes au public

Un citoyen s'approche de deux agents alors que des voitures de police bloquent un chemin de gravier.

Un citoyen près d'un barrage routier mis en place par la police à Portapique, en Nouvelle-Écosse, le 19 avril 2020.

Photo : Reuters / John Morris

Radio-Canada

Des documents d'enquête publique mettent en lumière les discussions internes que les agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ont eues entre eux pendant la tuerie de Portapique, en avril 2002.

On y apprend comment s’est prise la décision de ne pas tout de suite avertir le public du danger.

Les familles des victimes qui sont mortes le deuxième jour du massacre ont toutes dit que si elles en avaient su davantage, leurs proches ne seraient pas sortis de la maison ce jour-là.

La tragédie, qui s’est étalée sur deux jours, s'est terminée avec la mort de 22 personnes, des blessés et plusieurs maisons détruites. La GRC de la Nouvelle-Écosse a publié 11 messages sur Twitter et Facebook pour alerter la population, mais n’a pas utilisé le système En alerte.

Communication lente

La Commission des pertes massives a permis de consulter des documents détaillant les délibérations en coulisses sur ce qui pouvait être communiqué au public.

On y apprend que dès la première heure du drame, plusieurs policiers ont posé des questions sur les mesures prises pour informer le public.

Le personnel du centre de communication opérationnel a commencé à appeler les résidents de Portapique pour les avertir de rester à l'intérieur.

L’agente des communications Lisa Croteau a déclaré aux enquêteurs de la Commission que le sergent Andy O'Brien l'a appelée vers 23 h 30, 90 minutes après le premier appel au 911, pour lui demander de faire une publication sur Twitter pour aviser les gens de ce qui se passait.

À 23 h 32, elle a publié que la GRC répondait à une plainte concernant des armes à feu et que les gens devaient éviter trois rues de la communauté et rester à la maison avec les portes verrouillées. À ce moment-là, elle n'a pas mentionné qu’il y avait des personnes mortes ou blessées.

Un imposant véhicule blindé devant une maison de campagne, sur une route rurale.

Un blindé de la Gendarmerie royale du Canada dans la petite communauté de Great Village, en Nouvelle-Écosse, le matin du 19 avril 2020.

Photo : CBC / Shaina Luck

Puis la GRC n’a pas communiqué avec le public avant 8 h 02 le lendemain matin. Le message disait alors que des agents étaient toujours à Portapique pour répondre à une situation avec un tireur actif. À ce moment-là, certains policiers savaient que le tireur avait une réplique de voiture de police, mais ces informations n’ont pas été communiquées au public avant deux autres heures.

Les médias à la recherche d'informations

Lisa Croteau avait prévu vers 5 heures du matin de se rendre dans le comté de Colchester. Le sergent d'état-major Steve Halliday lui avait demandé d'être là pour gérer les demandes des médias sur les lieux.

Après son arrivée, elle a parlé au sergent-chef Jeff West afin d'obtenir les informations qu'elle pourrait fournir aux médias.

Elle savait qu'ils avaient un suspect, mais n'a pas insisté pour obtenir des détails, au cas où elle laisserait échapper quelque chose qu'elle n'était pas autorisée à communiquer.

Je ne voulais pas trop en savoir parce que je voulais pouvoir aider les médias, a témoigné Lisa Croteau dans son entretien avec la Commission.

La voiture passe sur la route devant la caserne.

L’enregistrement d’une caméra de surveillance montre une voiture qui ressemble à celles de la GRC passer devant la caserne des pompiers d’Onslow le 19 avril à 10 h 07, mais cette voiture est équipée de barres de poussée, ce qui n’est pas le cas pour celles de la GRC en Nouvelle-Écosse.

Photo : Brigade des pompiers d'Onslow Belmont

Après avoir pris conscience de l’incident de Wentworth et que le suspect se trouvait dans une voiture de police, Lisa Croteau a commencé à s'inquiéter.

Je ne me sentais pas en sécurité, a-t-elle dit à la Commission.

En coulisses dimanche matin, il y a eu des discussions sur les informations qui devraient être rendues publiques. Les collègues de Lisa Croteau de l'équipe des communications étaient en discussion avec les commandants.

Le sergent d'état-major Addie MacCallum était en contact avec Lia Scalan, la directrice civile des communications de la GRC, qui supervisait les publications sur les réseaux sociaux. Ils se sont parlé pour la première fois vers 7 h 45, puis c’est elle qui a publié sur Twitter que le tireur était toujours actif. L’agente Heidi Stevenson a également contacté le centre de communication opérationnelle à 8 h 44, en demandant si un communiqué de presse était envisagé.

La GRC a identifié publiquement Gabriel Wortman pour la première fois à 8 h 54, en publiant une description et une photo sur Twitter.

La paralysie de la précision

Le sergent d'état-major Steve Halliday a approuvé un message mentionnant la réplique d’une voiture de police à 9 h 49, mais le message n’a pas été publié avant une demi-heure. Il a précisé dans son témoignage mardi que jusqu'à ce que les policiers confirment que la voiture n'avait pas été brûlée à Portapique, il n'y avait aucune raison de communiquer ce détail.

Les ruines calcinées d'un chalet et la carcasse d'une voiture incendiée.

Le tireur a incendié plusieurs maison, y compris son chalet à Portapique, en commettant une tuerie en avril 2020, selon les policiers.

Photo : CBC/Steve Lawrence

Le publier plus tôt aurait peut-être créé une situation encore plus difficile à gérer pour nos membres, a-t-il dit.

Et pourtant, la semaine dernière, un expert embauché par la Commission a mis en garde contre cette approche.

Michael Hallowes a témoigné qu'il trouve la paralysie de la précision très préoccupante.

Soit vous attendez la parfaite connaissance de la situation et vous ne communiquez pas ce que le public devrait savoir, soit vous communiquez et si vous vous trompez vous corrigez, a-t-il dit.

Au cours de la dernière heure du drame, le tireur a conduit trois véhicules différents, a tiré et blessé l’agent Chad Morrison et tué l’agente Heidi Stevenson, Joey Webber et Gina Goulet.

Avec le recul, il semble que plusieurs des publications sur les médias sociaux étaient caduques avant d’être publiées.

Par exemple, quand la GRC a dit que le suspect avait été vu à Milford dans un VUS gris, il venait en fait d’arriver à la station-service d'Enfield dans un autre véhicule. Et c’est seulement après lui avoir tiré dessus que la GRC a publié que le suspect était en détention, avant de confirmer plus tard dans la journée qu'il était mort.

Avec les informations de Elizabeth McMillan, de CBC

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre ICI Acadie

Une fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité régionale.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre d’ICI Acadie.