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Le grand historien Jacques Lacoursière n'est plus

Vulgarisateur, il n’avait pas son pareil pour raconter la pénible traversée des colons vers la Nouvelle-France ou corriger des lieux communs sur Maurice Duplessis.

Jacques Lacoursière.

L'historien Jacques Lacoursière est décédé.

Photo : La Presse canadienne / Rémy Boily

Radio-Canada

L'historien Jacques Lacoursière, coauteur notamment du manuel d'histoire Canada-Québec qui a accompagné de nombreux élèves au secondaire, est décédé mardi à l'âge de 89 ans.

Selon le directeur général et éditeur des éditions du Septentrion, Gilles Herman, M. Lacoursière est décédé mardi matin auprès de ses proches. Il éprouvait ces derniers temps des troubles cognitifs sévères.

Né à Shawinigan en 1932, Jacques Lacoursière se destinait aux lettres et à l’enseignement avant d’être happé par l’histoire dans les années 60 grâce à son ami et professeur Denis Vaugeois.

Jacques Lacoursière a publié plus d'une vingtaine de livres, dont la célèbre série « Histoire populaire du Québec », en plus d'avoir collaboré à une multitude de séries radiophoniques et télévisées, comme le raconte Nabi-Alexandre Chartier.

Avec leur collègue Gilles Boulet, les deux hommes fondent le Boréal Express, un journal... peu orthodoxe. Les faits y sont véridiques, mais la présentation est fantaisiste. La petite et la grande histoire se déclinent sous forme de caricatures, d'éditoriaux, d'annonces classées, etc. Le but est de séduire les jeunes.

Les auteurs seront victimes de leur succès. Le Boréal Express sera publié de 1962 à 1973.

C'est aussi avec Denis Vaugeois et un autre grand historien, Jean Provencher, qu'il dirige la rédaction du manuel scolaire d'histoire Canada-Québec, constamment revu et augmenté depuis la fin des années 1960.

Le comédien Jean Lapointe.

Le comédien Jean Lapointe dans le rôle du premier ministre Maurice Duplessis

Photo : Radio-Canada / André Le Coz

À la télévision, il travaille avec Denys Arcand sur la série Duplessis, un très grand succès des années 70, avec Jean Lapointe dans le rôle-titre.

Le vulgarisateur se fait aussi conteur dans Épopée en Amérique, une histoire populaire, une série réalisée par Gilles Carle qui décrochera dans les années 90 un Gémeaux pour la meilleure recherche en documentation.

Au cours de cette même décennie, Jacques Lacoursière élabore en outre ce qui sera sans doute sa plus grande œuvre : Histoire populaire du Québec. Ses cinq tomes se vendront à près de 150 000 exemplaires.

Depuis François Xavier Garneau, aucun historien n'avait osé entreprendre une histoire aussi vaste de ce qui était hier le Canada et qui est devenu pour l’essentiel le Québec, écrit Denis Vaugeois en préface.

Jacques Lacoursière a reçu une multitude de récompenses et d'hommages au cours de sa carrière. Il était chevalier de l'Ordre national du Québec, chevalier de l'Ordre de la Pléiade et membre de l’Ordre du Canada. La France lui a même décerné la Légion d'honneur, le faisant chevalier de l'Ordre du mérite en 2008.

Historien sans diplôme, il a terminé sa vie avec deux doctorats honorifiques.

Le but que je me suis donné depuis une quarantaine d’années, c’est de montrer aux Québécois et aux Québécoises qu’ils ont une histoire aussi belle que celle de n’importe quel pays, avait expliqué l'historien en recevant en 2007 le prix Gérard-Morisset pour le patrimoine.

La journée où on connaîtra mieux son histoire, on prendra des décisions qui seront réfléchies, qui seront rationnelles, parce que trop souvent, actuellement, on prend des décisions qui sont émotives, des décisions qui ne reposent pas sur une connaissance du passé.

Une citation de Jacques Lacoursière

Jacques Lacoursière laisse dans le deuil ses cinq enfants, sa conjointe Suzanne Marchand et tout le Québec.

Jacques Lacoursière en 1984.

L'historien Jacques Lacoursière s'est consacré à la vulgarisation de l'histoire du Québec.

Photo : Radio-Canada / Jean-Pierre Karsenty

Un dernier coup de chapeau

À Ottawa, le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a déclaré en Chambre qu'il est rare qu'un historien marque son peuple au point de lui-même s'inscrire à part entière dans son histoire nationale. C'est le cas de Jacques Lacoursière, qui nous a quittés plus tôt aujourd'hui.

Jacques Lacoursière a passé sa vie à démontrer aux Québécois et aux Québécoises qu'ils ont une histoire aussi belle que n'importe quel pays. Son Histoire populaire du Québec est l'un de nos ouvrages historiques marquants.

Une citation de Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

À Québec, le décès de Jacques Lacoursière n'a pas été évoqué à l'Assemblée nationale, mercredi. Ministres et députés ont toutefois offert leurs condoléances à sa famille et à ses proches sur les réseaux sociaux.

On se souviendra de lui, a publié sur Twitter le premier ministre François Legault, évoquant au passage la série Épopée en Amérique.

Il était un grand historien et un véritable passionné de notre histoire québécoise, a mentionné la cheffe libérale Dominique Anglade.

C'était quelqu'un qui s'intéressait à l'histoire populaire; pas qu'aux puissants qui nous gouvernent, a souligné le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.

Il a rendu populaire une histoire trop méconnue, a déclaré pour sa part le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon. Grâce à Jacques Lacoursière, des milliers de Québécois ont appris à aimer notre épopée.

Ses pairs se souviennent aussi

De nombreux professeurs et enseignants ont eux aussi rendu hommage à Jacques Lacoursière mardi, parlant généralement de ce dernier comme de l'un des plus grands historiens du Québec.

L’historien André Champagne – qui se plaisait à dire que Jacques Lacoursière était son père spirituel – le considérait comme le plus grand connaisseur et certainement le plus grand vulgarisateur de l’histoire du Québec.

Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui connaissait aussi bien l'histoire du Québec que Jacques Lacoursière. [Il] avait une connaissance phénoménale de l'histoire du Québec, autant la "petite histoire" que la "grande histoire".

Une citation de André Champagne, historien

L'historienne et vulgarisatrice Evelyne Ferron considère pour sa part que Jacques Lacoursière a ouvert la voie aux plus jeunes.

Il a aidé les gens à se dire : "Wow! Même quand on parle d'un personnage obscur, ça peut m'intéresser". Il la rendait très vivante, cette histoire-là, et c'est ce qui faisait que les gens étaient plus attirés; avaient envie d'apprendre; avaient envie de le lire, aussi.

C'est un homme qui avait le sens du récit, abonde Éric Bédard, historien et professeur à la TÉLUQ. Mais c'est aussi un homme qui voulait une histoire du Québec rassembleuse.

Selon lui, Jacques Lacoursière mériterait certainement un hommage senti qui pourrait se manifester par la désignation d'un lieu ou d'une place qui porterait son nom.

Avec les informations de La Presse canadienne

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