Le militant acadien Jackie Vautour est décédé

Jackie Vautour, connu pour sa lutte contre l'expropriation de familles acadiennes, s'est éteint, confirme son fils, Edmond Vautour.

L’homme de 92 ans souffrait d’un cancer du foie et d'une pneumonie. Il était hospitalisé depuis jeudi soir à l’hôpital Stella-Maris-de-Kent, à Sainte-Anne-de-Kent, au Nouveau-Brunswick.

Des gens se sont rassemblés devant l’hôpital, dimanche, vers 18 h, pour célébrer sa vie, explique son fils.

Il y a eu des chansons. On était tous devant l’hôpital, peut-être 70 personnes. Ils ont joué des chansons. Ils ont joué des tambours. Après ça, chaque membre de la famille, on a eu la chance de le voir. On est passés chacun à notre tour. J’ai été le dernier à le voir. Ma mère était présente avec [lui]. Peut-être une heure après, il est décédé, affirme Edmond Vautour.

Il voulait rassurer son père durant ses derniers moments.On avait déjà eu des discussions que j’allais toujours continuer la cause en cour et que je n’allais pas lâcher ça. Je l’ai confirmé avec lui. Même s’il ne pouvait pas me répondre, je sais qu’il m’entendait, précise Edmond Vautour.

Edmond Vautour avait pu parler à son père ces derniers jours.

Il m’a dit qu’il a fait tout ce qu’il a pu pour les familles expropriées et il veut qu’ils continuent la bataille. Il est fier de ce qu’il a pu accomplir.

Le président de la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick, Alexandre Cédric Doucet, rend hommage à M. Vautour.

Nous venons de perdre l'un des grands personnages symboliques de la résistance acadienne dans les années 60, Jackie Vautour. Mes sincères condoléances à sa famille et ses amis. Tes combats resteront à jamais dans nos mémoires, affirme Alexandre Cédric Doucet dans un message sur Twitter.

Une vie à lutter, à résister... Jackie n’est plus. Un homme qui a marqué l’histoire et l’imaginaire de l’Acadie, souligne le député vert de Kent-Nord, Kevin Arseneau, aussi sur Twitter.

Le combat d’une vie

Jackie Vautour est surtout connu pour son combat contre l'expropriation de nombreuses familles acadiennes pour la création du parc national Kouchibouguac, à partir de 1969.

Quarante ans après les faits, en 2016, il disait qu'il n'oublierait jamais le jour où des agents de la Gendarmerie royale du Canada ont expulsé sa famille de sa maison. C’était dans leur cas le 5 novembre 1976. Un shérif et des agents, disait-il, lui ont montré un avis d'expulsion. Il a tenté de résister en restant chez lui, mais il a été arrêté et détenu.

En tout, 1200 personnes ont été expropriées. Les villages où elles vivaient ont été rasés pour faire place à l'aménagement du parc.

Jackie Vautour n'a jamais cessé de revendiquer un droit de vivre sur cette terre. Il a vécu dans une cabane au milieu du parc. Il s'est battu devant les tribunaux pendant des décennies pour contester l'expropriation par le gouvernement fédéral, mais sans succès.

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Toutefois, la loi a changé en 2000, et Parcs Canada ne peut plus acquérir des terres par le biais de l'expropriation.

Jackie Vautour disait vouloir que les gens se souviennent de ces événements que personne ne devrait avoir à vivre.

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Jackie Vautour a aussi revendiqué le statut de métis acadien pour justifier le droit de chasser et de pêcher comme il le souhaitait à l'intérieur du parc national. La cause a essuyé un autre revers devant les tribunaux à la fin de janvier.

La cause à mon père est controversée, mais pour les familles expropriées, eux autres, c’était leur héros. J’ai eu beaucoup d’appels et des messages, les gens sont tous très tristes de ça, disait Edmond Vautour vendredi dernier.

Mon père ne sera jamais oublié, ça va être un héros. Il est connu à travers le monde. Il a tout fait pour avoir la justice, même s’il ne sera pas là pour voir la fin du combat… Il la verra, mais d’en haut, avait-il ajouté.

Avec des renseignements de Rose St-Pierre