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Mort de Marylène Levesque : le rapport d'enquête admet une « évidence »

Le Comité d'enquête nationale sur le meurtre de Marylène Levesque, tuée par Eustachio Gallese, a été rendu public jeudi.

Jeune femme aux cheveux roses et yeux bleus.

Marylène Levesque

Photo : Facebook/Marylène Levesque

Visites permises au salon de massage, lacunes de surveillance du détenu en semi-liberté, manque de formation des commissaires : si le rapport du Comité d'enquête nationale sur le meurtre de Marylène Levesque permet à ses proches de tourner la page, il met aussi en lumière de nombreuses problématiques que doivent surmonter les services correctionnels.

Dans son rapport de 124 pages, le Comité montre d'ailleurs du doigt le fait que le détenu Eustachio Gallese n'aurait jamais dû obtenir l'autorisation de se rendre dans un salon de massage.

L'avocat de la famille de la victime, Dominic Bouchard, affirme que le rapport souligne ainsi ce qui était indéniable.

Ça nous réconforte de voir que ce que l’ensemble du public avait vu, ce qui choquait, est réprimandé et reproché, dit-il, précisant que la mère de Marylène Levesque préférait ne pas s'adresser aux médias afin de vivre son deuil.

Marylène Levesque souriante, tient un petit chien dans ses bras.

Marylène Levesque avec son chien, Enzo

Photo : remise par la famille

La surveillance des détenus en semi-liberté, comme Eustachio Gallese, qui séjournait dans une maison de transition, sera dorénavant prise en charge par Service correctionnel Canada (SCC). Une décision qui réconforte les proches de la jeune femme et qui permettra d’éviter un crime semblable et des bavures semblables dans le futur pour d’autres victimes potentielles.

La Maison Painchaud, qui hébergeait le détenu, ne commente pas cette décision pour l'instant. La Maison Painchaud prend acte et étudiera rigoureusement les constats et recommandations du rapport, a-t-on répondu par courriel.

L’Association des services de réhabilitation sociale du Québec (ASRSQ) a aussi déclaré qu'elle prendra le temps d'analyser le rapport avant de prendre la parole.

Eustachio Gallese à la sortie de la centrale de police Victoria, à Québec.

Eustachio Gallese à la sortie de la centrale de police Victoria, à Québec.

Photo : Radio-Canada

On a libéré quelqu’un qui était dangereux

La directrice générale de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD) croit que le Comité a identifié des problématiques déjà connues : le manque de formation des commissaires et un manque d'évaluation des facteurs de risques.

On a libéré quelqu’un qui était dangereux, déplore-t-elle. Elle croit que ce manquement révèle une lacune dans la formation des employés aux libérations conditionnelles.

La question de la surveillance des détenus en semi-liberté demeure un point important selon Nancy Roy. Est-ce que c’est réaliste de penser qu’on va pallier toutes ces problématiques-là? Comment ça va atterrir dans la réalité? se questionne-t-elle.

Il ne faut jamais oublier qu’il y a une victime derrière ça, qu’une vie de trop a été prise par ces manques-là.

Une citation de Nancy Roy, directrice générale de l'Association des familles de personnes assassinées ou disparues (AFPAD)
Une femme aux cheveux bruns qui pose devant une reproduction de la Charte des droits.

Nancy Roy de l'Association des familles de proches assassinés ou disparus (AFPAD)

Photo : Nancy Roy

Mieux encadrer les commissaires

Selon l'ancien commissaire aux libérations conditionnelles Jean-Claude Boyer, les commissaires savaient qu'Eustachio Gallese commettait des délits. Par contre, ils ne savaient pas que c’était prohibé par le Code criminel en vertu de l’article 286.

C’est un motif d’intervention immédiat pour la commission dans sa surveillance des délinquants et du processus de réinsertion sociale, de l’évaluation du risque en société, souligne celui qui a aussi été procureur de la Couronne.

Dave Blackburn, un autre ex-commissaire, n'est pas surpris par les recommandations du rapport, mais il croit que ces mesures vont améliorer la surveillance des détenus.

Il dénonce, encore une fois, les changements importants apportés en 2017 dans le processus de nomination des commissaires. On s'est retrouvé avec pratiquement juste des nouveaux commissaires dans une courte période de temps, rappelle-t-il, soulignant avoir déjà envoyé une lettre au premier ministre Justin Trudeau à ce sujet.

Il croit également que ce rapport aurait pu aller plus loin. Ça aurait été l'opportunité de prendre le temps de regarder les meilleures pratiques sur la planète en matière de libération conditionnelle, soulève-t-il.

Nombreuses réactions politiques

Le secrétaire parlementaire Joël Lightbound soulève que le partage et la collecte d'information doivent être améliorés.

On peut penser, par exemple, à certains signes précurseurs qui auraient pu être mieux évalués par l'équipe de gestion du cas, entre autres, tant au niveau des agents de libération conditionnelle qui étaient en charge, mais aussi de l'équipe terrain de la Maison Painchaud, explique-t-il.

Joël Lightbound.

Joël Lightbound, député fédéral de Louis-Hébert et secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique.

Photo : The Canadian Press / Adrian Wyld

La députée bloquiste Kristina Michaud est satisfaite des recommandations, mais ne s'oppose pas à davantage d'imputabilité.

On n’a perdu la vie d’une jeune femme et c'est ça qu'il faut garder en tête. On ne veut pas que ça se reproduise nulle part au pays, alors s'il faut mettre quelqu’un imputable à ça, faisons-le, lance-t-elle.

De son côté, le conservateur Pierre Paul-Hus ne mâche pas ses mots concernant l'issu de cette enquête. Le haut de la tour se protège et on va encore blâmer ce qui relève du Québec ou ce qui relève d'une agente des services correctionnels, alors que les commissaires ont les derniers mots sur la libération.

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