Le journaliste spécialisé dans les affaires policières Michel Auger est mort

Le journaliste spécialisé dans les affaires policières, Michel Auger, s'est éteint à l'âge de 76 ans.

Il a été admis vendredi à l'hôpital du Sacré-Cœur-de-Montréal à la suite d'un malaise, qui s'est avéré être une pancréatite aiguë. Le journaliste est finalement décédé dimanche midi.

Né à Shawinigan en 1944, Michel Auger a commencé sa carrière en 1964 au journal Le Nouvelliste, à Trois-Rivières, avant d'être employé au Montréal-Matin, puis à La Presse. Il a finalement rejoint les rangs du Journal de Montréal en 1984, où il est devenu l'un des spécialistes en affaires judiciaires les plus connus du Québec.

Dans les années 1990, M. Auger a notamment publié plusieurs dossiers sur les rivalités entre les différentes bandes de motards et la mafia, un sujet délicat qui a bien failli lui coûter la vie.

Tentative de meurtre

Le 13 septembre 2000, le spécialiste du monde interlope a été criblé de six balles dans le dos dans le stationnement du Journal de Montréal. Michel Auger a survécu, mais l'affaire a suscité un vaste mouvement d'indignation au Québec.

La police n'a jamais mis la main sur le tireur, même si les soupçons pesaient lourdement sur les Hells Angels.

Le journaliste a repris le travail trois mois plus tard et a témoigné de son expérience dans son autobiographie, L'attentat.
Je n'ai pas de désir de vengeance, j'ai accepté ce qui m'est arrivé et je suis passé à autre chose, avait alors lancé Michel Auger.

Peu de temps après, le journaliste a reçu la Médaille de l'Assemblée nationale.

Votre courage et votre refus du silence nous inspirent et nous incitent à réitérer notre détermination à bâtir une société tolérante et exempte de violence, avait déclaré à l'époque le premier ministre Lucien Bouchard.

En pleine guerre des motards, l'événement a notamment poussé Québec à demander un renforcement de la loi fédérale antigang.

Malgré sa notoriété, c’était resté un gars très simple et très humble, assure le journaliste André Cédilot, ancien collègue et ami de Michel Auger, qui veut rendre hommage à son courage.

C'était comme un modèle pour moi. [...] Quand il est revenu en force dans le métier après avoir subi un tel attentat, ça m'a toujours dépassé et je n'ai pas arrêté de lui dire.

La liberté d'expression pour combattre le crime

Après plus de 40 ans dans le milieu, Michel Auger a pris sa retraite en 2006. Tout au long de sa carrière, il a défendu le droit à la liberté d'expression et s'est impliqué en faveur du registre des armes à feu.

C’était un homme coloré qui n'avait pas la langue dans sa poche. [...] Il était facile d’accès et plaisant à rencontrer, se souvient Guy Ryan, ancien inspecteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Il a été un exemple à suivre. Il y en a qui se seraient retirés de ce milieu-là. Mais pour lui, c'était une passion de combattre le crime organisé de cette façon. La liberté d'expression, c'était important pour lui. Et c'est ce qu'il a fait de son oeuvre.

Michel Auger a reçu plusieurs distinctions, dont le prix Couronnement de carrière de la Fondation pour le journalisme canadien, le prix Judith-Jasmin Hommage en 2013 et l'Union internationale de la presse francophone lui a décerné le prix de la libre expression en 2000.