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Cérémonie à la mémoire de George Floyd : « Enlevez votre genou de notre cou! »

Le révérend Al Sharpton, prenant la parole lors d'un service commémoratif pour George Floyd.

Le révérend Al Sharpton a prononcé une oraison funèbre ouvertement revendicatrice.

Photo : Reuters / LUCAS JACKSON

Des émotions à fleur de peau, des plaidoyers en faveur d'une justice équitable pour les Afro-Américains : après 10 jours de manifestations, des centaines de personnes se sont rassemblées à Minneapolis, au Minnesota, pour honorer la vie de George Floyd. L'heure était au recueillement, mais aussi aux revendications.

Les membres de la famille de l'Afro-Américain de 46 ans, mort la semaine dernière lors de son interpellation, ont partagé leurs souvenirs avec émotion devant les centaines de personnes rassemblées dans la chapelle de l'université chrétienne North Central.

Mais le ton était tout autre lorsque le révérend Al Sharpton a pris la parole.

Choisi par la famille pour prononcer un éloge funèbre, la figure du mouvement de défense des droits civiques a adopté le style résolument politique qu'on lui connaît, érigeant George Floyd en symbole des injustices subies par les Noirs américains depuis la fondation du pays.

Al Sharpton a d'ailleurs repris à plusieurs reprises l'image du genou qu'a posé pendant de longues minutes sur le cou de George Floyd l'ex-policier blanc accusé entre autres de meurtre au deuxième degré.

Depuis 401 ans, la raison pour laquelle nous n'avons jamais pu être ce que nous voulions être et rêvions d'être, c'est parce que vous nous avez mis un genou sur le cou.

Une citation de Le révérend Al Sharpton

Il est temps pour nous de nous lever au nom de George et de dire : "Enlevez votre genou de notre cou!", a-t-il asséné, réclamant entre autres une réforme du système de justice.

Au sujet des manifestations qui ont par moments dégénéré, Al Sharpton a averti que le mutisme n'était pas une option.

Il y a une différence entre lancer des appels pour la paix et lancer des appels pour qu'on se taise, a-t-il dit.

Faisant écho à son avertissement, les centaines de personnes réunies à l'extérieur pour assister à la cérémonie, diffusée en direct, ont d'ailleurs réclamé la fin de la brutalité policière, comme lors des manifestations qui secouent le pays depuis la semaine dernière. Si nous n'obtenons pas justice, ils n'obtiendront pas la paix!, ont-elles scandé au terme du service.

Trump dans le viseur

Le révérend Sharpton a également consacré une partie de son oraison funèbre à critiquer, sans réserve, le président Trump. J'ai vu quelqu'un se tenir debout devant une église, tenir une bible dans sa main, a-t-il dit sans le nommer.

Je n'ai jamais vu quelqu'un tenir une bible comme ça, a-t-il ironisé, évoquant la photo de Donald Trump sur laquelle on le voit brandir une bible devant l'église St. John's, tout près de la Maison-Blanche, lundi dernier. S'il nous écoute, je voudrais qu'il ouvre cette bible.

Nous ne pouvons pas nous servir des bibles comme d'un accessoire. Et pour ceux qui ont des objectifs qui ne sont pas liés à la justice, cette famille ne vous laissera pas utiliser George comme un accessoire.

Une citation de Le révérend Al Sharpton

Il a également condamné le fait que Donald Trump avait ouvertement remis en question le lieu de naissance de Barack Obama et avait ainsi contesté la légitimité du premier président afro-américain.

Un homme sort d'un foyer monoparental, s'instruit et devient président des États-Unis, et vous lui demandez son acte de naissance parce que vous ne pouvez pas retirer votre genou de son cou, a déclaré Al Sharpton.

Il a aussi critiqué le slogan utilisé par le milliardaire républicain pendant la campagne présidentielle de 2016 – rendre à l'Amérique sa grandeur – en demandant : Mais pour qui? Et pour quand? Nous allons rendre à l'Amérique sa grandeur pour tout le monde pour la première fois.

Al Sharpton a profité de sa tribune pour annoncer une marche à Washington le 28 août prochain, date qui marque l'anniversaire de la marche au cours de laquelle Martin Luther King avait prononcé son discours historique J'ai un rêve, en 1963.

Avant la cérémonie, le révérend Sharpton a décoché une flèche au premier ministre Justin Trudeau pour son long silence lors d'une réponse à une question sur le président Trump plus tôt cette semaine. Puisque vous êtes du Canada, il n'y aura pas de pause de 21 secondes avant que je parle, a-t-il répondu au journaliste de Radio-Canada Philippe Leblanc.

Des dizaines de personnes se tiennent debout, regardant en direction du cercueil, doré, de George Floyd.

Des centaines de personnes, dont les proches de George Floyd, se sont réunies dans la chapelle de l'université chrétienne North Central pour lui rendre hommage.

Photo : Reuters / LUCAS JACKSON

Huit minutes quarante-six secondes de silence

Philonise Floyd s'est réjoui que son frère ait touché autant de cœurs, affirmant qu'il obtiendrait justice.

L'avocat de la famille Floyd, Benjamin Crump, a pour sa part martelé que ce n'était pas la pandémie de coronavirus qui avait tué George Floyd. C'est l'autre pandémie que nous connaissons trop bien en Amérique, la pandémie de racisme et de discrimination, qui a tué George Floyd, a-t-il insisté.

Le président de l'université North Central, Scott Hagan, a par ailleurs annoncé la création d'une bourse d'études en l'honneur de George Floyd et encouragé les autres établissements universitaires à faire de même.

Ceux qui assistaient à la cérémonie ont respecté un silence de 8 minutes 46 secondes, triste rappel de la durée pendant laquelle l'ex-policier Derek Chauvin a maintenu George Floyd au sol en s'agenouillant sur son cou, malgré ses cris de désespoir pour respirer.

Plusieurs politiciens, dont la sénatrice démocrate du Minnesota Amy Klobuchar et le maire de Minneapolis, Jacob Frey, faisaient partie des gens venus honorer la mémoire de George Floyd.

Le maire s'est recueilli longuement, en sanglots, près du cercueil de George Floyd.

Jacob Frey agenouillé près d'un cercueil se tient le visage.

Jacob Frey, le maire de Minneapolis, a passé un long moment à se recueillir, en sanglots, près du cercueil de George Floyd, tué par la police.

Photo : Reuters / Nicholas Pfosi

Il s'agissait de la première d'une série de cérémonies qui se tiendront au cours des prochains jours, notamment à Houston, au Texas, où il a vécu longtemps, et à Raeford, en Caroline du Nord, où habitent des membres de sa famille.

La mort de George Floyd, pour laquelle les quatre anciens policiers qui avaient procédé à son arrestation ont été inculpés mercredi, a provoqué une profonde vague de colère aux États-Unis et des manifestations d'une ampleur peu communes, certaines versant dans la violence.

Celles de la nuit dernière se sont déroulées dans un plus grand calme que les précédentes.

La justice américaine incarcère davantage d'Afro-Américains, qui, selon l'organisation Mapping Police Violence, courent un risque trois fois plus grand d'être tués par des policiers.

Avec les informations de NBC News et CNN

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